|
| | De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) | |
| | Auteur | Message |
---|
yeles In love de John
Messages : 315 Date d'inscription : 09/11/2009 Age : 50 Localisation : physiquement en France mais mon cerveau est à Londres
| Sujet: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 10 Nov - 13:17 | |
| Titre : De profundis memini Genre : Réflexion Disclaimer : Torchwood appartient à la BBC. Je n’en attends aucune rémunération quelconque… Spoilers : COE dans la seconde partie - attentions, des passages peuvent choquer, âmes sensibles s'abstenir. Notes de l'auteur : J'ai été marquée par une phrase de Jack dans COE quand il dit qu'il a tout senti - Spoiler:
- Citation :
-
Première époque
D’aussi loin qu’il puisse remonter dans sa mémoire, Jack ne se rappelait pas de sa première mort. Sans doute parce que le cerveau n’est pas sensé imprimer et conserver cet instant. En revanche, il se souvenait parfaitement de la première bouffée de sa nouvelle existence. L’air brûlant qui pénétra dans ses poumons, déployant les alvéoles déjà atrophiées, les fourmillements dus au sang qui affluait de nouveau dans tout son corps et la lumière éblouissante qui l’enveloppait.
Il lui avait fallu quelques minutes pour réaliser qu’il n’était pas mort. Etait-ce tout ce dont les Daleks étaient capables ? Il avait du mal à croire qu’il n’avait été qu’assommé par le rayon dévastateur de ces créatures infernales. Et pourtant il était bien là, à respirer, seul à cet étage, seul dans un silence terrifiant. Silence qui fut brisé par un son qui ne lui était pas inconnu. Le temps qu’il réalise qu’il s’agissait du T.A.R.D.I.S. il était déjà trop tard.
-----------------------------------------------
1892, Ellis Island.
Il était là, au milieu de la foule des migrants, cherchant en vain un bateau qui veuille bien le ramener en Angleterre. Il avait tenté de retrouver la trace du Docteur en parcourant le monde, hélas sans résultat. Finalement, sa seule chance de le revoir avec certitude était de retourner à Cardiff. Mais soudain, un homme se dressa devant lui, pointant un pistolet. Jack tenta de le raisonner mais la boule de métal qui pénétra dans sa poitrine lui fit comprendre que ça n’avait servi à rien. La balle vint se loger dans son ventricule droit. Il sentit son cœur manquer un battement puis hoqueter. Une douleur sourde l’envahit puis le froid, un froid éternel, alors qu’il voyait son sang s’étaler devant lui. Ses dernières pensées se tournèrent vers celui qui l’avait abandonné à des siècles de là. Sa respiration ralentit, devint lourde, sifflante, puis plus rien.
Lorsque l’air pénétra à nouveau dans ses poumons il fut soudain pris de panique. Il avait prit une balle en plein cœur, s’était vidé d’une bonne partie de son sang et pourtant il était là, seul dans la nuit, allongé à côté de la fosse commune où on allait l’enterrer le lendemain. Il passa sa main sur sa poitrine. Hormis le trou de l’impact dans le tissu de sa chemise et l’humidité du sang, il ne constata aucune blessure. Il jeta un coup d’œil à gauche, puis à droite et, après s’être assuré que personne n’était en vue, il se leva. Il sentit quelque chose de froid descendre le long de son ventre. Remettant sa main dans sa chemise pour voir de quoi il s’agissait, il en ressortit une balle argentée. Jack n’était pas superstitieux mais il conserva ce trophée en souvenir d’une mort qui n’avait pas voulu de lui.
-----------------------------------------------
Cardiff, même année.
Jack était assis sur une chaise. Face à lui, se trouvaient deux femmes. Il ne savait pas où il était, ni comment il était arrivé là. Ces femmes l’interrogeaient, cherchaient à avoir des informations à son sujet, au sujet du Docteur. Mais comment le connaissaient-elles ? Soudain, une décharge lui parcourut tout le corps. Il sentit son sang bouillir dans ses veines, dans son cœur, dans sa tête. Les pulsations de sa carotide étaient si fortes qu’elle aurait tout aussi bien pu éclater et la douleur qu’il ressentit dans son bas ventre lui fit comprendre qu’une nouvelle fois il allait passer de l’autre côté. Une nouvelle fois, tout serait noir. Il n’y avait rien là-bas, rien du tout. Tout ce qu’on avait pu laisser entendre sur la vie après la mort n’était que mensonges. Il l’avait bien compris depuis longtemps. Si les humains savaient ça…
Jack reprit soudain son souffle, ébloui par l’éclairage de la pièce. Légèrement désorienté, il mit quelques instants à réaliser où il était. Les deux femmes lui faisaient toujours face, un sourire glaçant s’affichait sur leurs visages. Elles reprirent leur discours, questionnant à nouveau Jack comme si de rien était.
F - Dites-nous où il est et nous vous relâcherons. J – Pourquoi ça vous intéresse ? F – Vous êtes à Torchwood Cardiff.
---------------------------------------------------
Londres, 01 juillet 1908.
L’agence avait envoyé Jack à Londres pour surveiller de près les événements. Des performances anormales avaient attiré l’attention de la Reine et nécessité le recours à Torchwood. Il était sur le bord du terrain, habillé comme les officiels, à assister aux épreuves d’athlétisme. C’est alors que cet homme s’avança. On aurait pu supposer qu’il était un athlète comme les autres si on ne prêtait pas attention à la deuxième paupière verticale qu’il avait beaucoup de mal à conserver immobile avec ce soleil. Il savait que Jack était là pour lui, il avait entendu parler de l’agence. Il devait faire quelque chose.
Jack se leva prêt à aller mesurer le lancé, comme pour les compétiteurs précédents. Il avait aussi un pistolet paralysant sur lui afin de neutraliser l’individu. C’est alors qu’il fut violemment projeté en arrière. Une immense douleur monta dans sa poitrine. Pendant un instant, Jack fut maintenu en l’air, penché vers l’arrière. Un javelot le traversait de part en part. Il s’était logé entre le poumon et le cœur, lui pulvérisant deux côtes et l’aorte au passage. Sa belle chemise blanche de juge était maculée. Il sentait le sang qui s’écoulait par jets successifs alors qu’il glissait lentement le long du javelot. Le simple fait de respirer était devenu impossible et Jack commença à suffoquer. Dans un dernier éclair de lucidité, il vit l’équipe de secours approcher, l’athlète coupable du lancé se pencha sur lui, affichant un petit rictus satisfait. La clameur de la foule puis, plus rien.
Quand il reprit connaissance, il s’assomma en se redressant. Il faisait noir. Il arriva très rapidement à la conclusion qu’il était enfermé dans un compartiment mortuaire. Ces endroits là ne sont pas faits pour être ouverts de l’intérieur. Mais Jack était plein de ressources et il sortit un petit outil de sa bouche et commença à trifouiller la porte. Avant de sortir, il avait vérifié qu’aucun bruit n’était perceptible et que personne ne risquait de le surprendre. Une fois dehors, il s’inspecta dans une glace. Il n’y avait plus aucune trace de l’impact, pas la moindre petite cicatrice. En revanche, sa chemise blanche était fichue.
--------------------------------------------------- 7 mai 1915, au large du sud de l’Irlande
Jack avait été assigné à une nouvelle mission. En pleine guerre mondiale, il était chargé de superviser le transport d’une cargaison d’obus dans un paquebot civil, le Lusitania. Jack n’appréciait pas le principe mais en temps de guerre, tout était permis. Il était posté dans la cale, montant la garde devant l’entrée. Lorsque la première explosion retentit, Jack se leva pour aller voir ce qui se passait mais une seconde explosion, cette fois beaucoup plus forte le projeta violemment en avant lui faisant perdre connaissance.
L’eau qui commençait à pénétrer dans sa bouche réveilla Jack mais il était déjà trop tard. Le sol était maintenant très incliné, indiquant que le Lusitania était en train de couler. Ils avaient dû être touchés par une torpille ennemie et la cargaison avait explosé suite à l’impact. On avait beau être au mois de mai, les eaux étaient très froides au sud de l’Irlande. Jack commença à sentir comme des milliers de petites épingles qui le pénétraient de toute part. Son sang s’épaississait et n’arrivait plus à circuler. Le froid engourdissait tout son corps et il n’arrivait plus à nager. L’eau rentrait maintenant par sa bouche et ses narines, elle montait progressivement, inexorablement et le surplus de sel qu’il avait ingéré lui donnait la nausée mais il lui était impossible de se soulager. Ses yeux le brûlaient et sa vue commença à se troubler. Sa glorieuse carrière d’agent de Torchwood allait se terminer ici, dans la mer Celte.
De l’air ! A nouveau de l’air ! Jack respirait à nouveau, malgré le drap qui se trouvait sur lui. Discrètement, il regarda par en-dessous. Il y avait encore trop de monde pour qu’il se lève et attendit patiemment qu’il fasse nuit, contrôlant sa respiration fraîchement remise en route, se demandant une nouvelle fois pourquoi la mort n’avait pas voulu de lui.
---------------------------------------------------
1944, quelque part dans une forêt allemande.
Une nouvelle guerre, une nouvelle fois contre les allemands. Les humains n’apprenaient rien de leurs erreurs. Jack avait été envoyé cette fois en mission en Allemagne pour retrouver un objet qui avait été volé à Cardiff par un espion nazi. L’issue du conflit en dépendait et il devait faire vite. Mais il fut soudain pris en embuscade par des mercenaires et avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, l’un d’eux lui trancha la gorge d’un geste rapide et précis.
Jack s’écroula au sol, essayant désespérément de reprendre son souffle. La trachée et la carotide avaient été sectionnées et il sentait l’air qui pénétrait directement dans la gorge sans prendre la peine de passer par la bouche. Il ne s’était toujours pas habitué à la douleur que l’on pouvait ressentir au moment de passer de vie à trépas. En même temps, il n’avait jamais eu droit à la même mort deux fois. Très rapidement, il n’eut plus aucune sensation physique. Seul son cerveau fonctionnait encore, imprimant pour la dernière fois l’image des mercenaires exécutant le reste des soldats qui l’accompagnaient dans cette mission.
Lorsqu’il reprit connaissance, il porta immédiatement sa main à sa gorge, elle était intacte. Son uniforme était maculé de sang et il ne pouvait pas passer inaperçu ainsi. Il se leva et inspecta les autres corps qui étaient allongés au sol. Sur l’un deux, il prit une chemise bleue ciel et un maillot de corps blanc. Sur un autre, il prit le pantalon. Il n’avait pas honte de dépouiller ces cadavres, l’instinct de conservation était plus fort. Enfin, sur le dernier, il prit un grand manteau de laine bleu-gris. Les galons qui se trouvaient sur les épaules lui confirmèrent qu’il s’agissait de celui d’un capitaine. Une fois habillé, il s’enfuit dans la nuit. C’était le mois de juin.
---------------------------------------------------
Jack était arrivé à la conclusion à la fois terrifiante et merveilleuse qu’il ne pouvait pas mourir. Quoiqu’il lui arrive, de quelque manière que ce soit, il ne pouvait pas mourir. Il vieillissait, certes, mais rien ne semblait pouvoir l’effacer définitivement de la surface du globe. Comment ? Pourquoi ? Il était convaincu que le Docteur était lié à cet état de fait mais il n’avait toujours pas réussi à mettre la main sur lui pour trouver une réponse, voire une solution. Désirait-il revenir à son état de mortel ? Rien n’était moins sûr. Il commençait à trouver cette situation confortable. Elle lui conférait une sorte d’aura qui satisfaisait grandement son égo. Il avait tenté quelques expériences pour confirmer ses suppositions d’abord avec appréhension puis avec amusement. Il cherchait à chaque fois une façon de mourir plus originale que la précédente.
Les faits étaient donc là et il devait faire avec. Il devait se faire à l’idée que toutes les personnes qu’il rencontrerait dans sa longue vie à venir le laisseraient sur le bord de la route un jour ou l’autre. Et soudain, ce qui lui avait semblé être d’abord une chance inouïe se transforma en malédiction. La malédiction de l’agent du temps.
| |
| | | Antoinette complétement accroc à John
Messages : 2553 Date d'inscription : 02/10/2009 Localisation : District 12
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 10 Nov - 13:38 | |
| C'est marrant que tu fasses allusion à cette phrase (en même temps, j'ai toujours trouvé la question idiote, tant qu'on n'est pas mort c'est qu'on est en vie alors pourquoi les sensations seraient hors service?) ; un truc qui m'a toujours intriguée/fait rire, c'est pourquoi le Docteur - Spoiler:
faisait une telle grimace à propos du javelot "égaré"
alors que de toutes les autres morts que mentionne Jack, celle-là semblait être une des plus enviables )" longdesc="8" /> J'ai bien aimé les détails verstimentaires (agoniser ça a l'air nettement moins fun par contre...) | |
| | | yeles In love de John
Messages : 315 Date d'inscription : 09/11/2009 Age : 50 Localisation : physiquement en France mais mon cerveau est à Londres
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mer 3 Fév - 1:58 | |
| ça m'a travaillée cette phrase... et comme je suis quelqu'un de très morbide... ben voilà Deuxième époque : - Spoiler:
- Citation :
- -------------------------------------------------------
Cardiff – Roald Dalh plass – 2006.
Il se trouvait au pied de la fontaine, protégé par le filtre à perception, écoutant les deux femmes. Suzie était là, menaçant Gwen. Il devait l’arrêter avant qu’elle ne tue quelqu’un. Mais elle se tourna brusquement dans sa direction et tira. La balle pénétra dans sa tête, pulvérisant instantanément son lobe frontal. Ce fut le noir instantané. Il s’écroula de toute sa masse sur le sol.
Lorsque l’air pénétra à nouveau ses poumons, il se releva silencieusement. Il ne voulait pas attirer l’attention de Suzie qui s’apprêtait à tirer sur la pauvre Gwen qui ne comprenait pas ce qui se passait. Un peu de matière grise mêlée à du sang s’écoulait sur son front.
J – Pose ce pistolet.
Tandis qu’il prononçait ces mots, il sentit dans sa boîte crânienne un craquement sinistre que lui seul put entendre. Puis la peau se resserra pour finalement retrouver son aspect initial, sans aucune cicatrice apparente. Il essaya de raisonner Suzie qui, sans prononcer un mot, plaça le pistolet sous son menton, tira et s’effondra. Jack la regarda puis il leva les yeux vers Gwen. Elle se souvenait de tout. Mais plus problématique encore, elle connaissait son état d’immortalité. Il devrait composer avec.
-------------------------------------------------------- Le Hub – 2006
Jack tentait d’attirer l’attention de Lisa, la petite amie de Ianto convertie en cyberwoman qui avait été introduite à l’insu de l’équipe dans le hub par le jeune homme. Il voulait faire gagner du temps aux autres afin qu’ils puissent s’échapper.
J – Je suis désolé pour ce qu’ils t’ont fait. Mais ça se termine ici !
Lisa posa sa main sur l’épaule du capitaine et une violente décharge électrique lui parcourut tout le corps. Ses muscles se raidirent d’un seul coup, son sang se figea dans ses veines sous l’effet de la chaleur. Il tomba à genoux puis il s’affaissa lorsque son cœur lâcha prise.
Dans une profonde inspiration, il se releva. Il avait du mal à reprendre son souffle.
J – C’est tout ce que tu as ? On ne peut pas m’éliminer aussi facilement.
Une nouvelle fois, Lisa posa sa main sur l’épaule de Jack, cette fois-ci, plus proche de la jugulaire. De nouveau, il sentit une forte décharge électrique se diffuser dans tout son corps. Le sang qui venait à peine de se remettre à circuler se figea de nouveau, faisant céder plusieurs veines sous la pression. Un caillot vint boucher l’entrée du ventricule droit et le cœur explosa littéralement dans la poitrine de Jack. Il s’effondra lourdement.
Lorsque que la vie reprit ses droits, une nouvelle fois, Jack se releva péniblement. Ses muscles se détendaient difficilement après les deux décharges qu’il avait subies. Il s’agenouilla et se pencha en avant pour reprendre son souffle et laisser un peu de temps à son corps pour se ressaisir. Soudain, il se rappela que Ianto gisait à quelques centimètres de lui, inconscient. Lisa s’était éloignée, il devait faire vite. Il le prit dans ses bras, s’approcha de lui et lui transmit un peu du souffle de vie qui émanait à nouveau de lui.
--------------------------------------------------------
Cardiff, un terrain vague – 2007
J – Amène-toi !
Jack se plaça face à cette créature venue d’un autre temps, venue pour se repaître de la vie. Il allait lui causer la plus belle indigestion jamais vue de mémoire d’homme. Abaddon s’avança lui. Son ombre meurtrière nimba le capitaine.
Immédiatement, il fut saisi par une violente bouffée de chaleur puis il sentit progressivement le fluide vital s’échapper de lui. La vie était tout simplement aspirée de son être. Pas une parcelle de son corps n’était négligée. La douleur qu’il ressentait était sans commune mesure avec toutes celles qu’il avait pu ressentir jusqu’à présent. Les hurlements qu’il poussait ne laissaient aucun doute sur ce fait. Et la vie qui le quittait prit l’apparence d’un rayonnement qui montait en direction d’Abaddon. La créature était dévorée de l’intérieur par ce flux qui semblait inépuisable.
Lorsque qu’Abaddon disparut dans une explosion d’énergie vitale Jack tomba à la renverse. Il était exsangue, comme si l’essence de son existence avait été entièrement extirpée.
« Réveille-toi »
C’était comme un songe. Il flottait entre deux eaux. Un frôlement dans ses cheveux, un effleurement sur ses jambes. Il n’arrivait pas à déterminer s’il était vivant ou non. Il sentait une présence constante à ses côtés, une odeur qui ne lui était pas inconnue mais ces sensations étaient si furtives. Il avait envie de hurler mais son corps restait désespérément immobile, dans l’incapacité de reprendre ses droits.
« Laisse-le partir Gwen »
Gwen, c’était elle qui le veillait. Elle savait, elle avait confiance. Mais Jack se demandait si sa chance n’avait pas finalement tourné. Il se demandait s’il n’allait pas rester dans cet état d’entre-deux pour le reste de son éternité. Puis sa main se souleva et il sentit de manière presque imperceptible quelque chose se poser contre elle. Puis un contact sur sa bouche, subtile, furtif. Et dans un souffle, elle revint… la vie.
J – Merci.
--------------------------------------------------------
Cardiff – Roald Dalh Plass – 2007
J – Dooooooooocteuuuuuuuuuuuuuuur !
Jack courrait à perdre haleine sur la place. Le T.A.R.D.I.S. qu’il avait guetté si longtemps s’était enfin posé et s’apprêtait déjà à repartir. Dans un dernier élan désespéré, le capitaine se jeta sur la cabine bleue et s’y agrippa. Il se sentit happé dans un tourbillon infernal. Il avait déjà effectué des voyages spatio-temporels mais c’était la première fois qu’il en faisait un sans protection. Il était dans le temps, il voyait le temps, il le ressentait dans toutes les parcelles de son corps. C’était à la fois magnifique et terrifiant.
J - Dooooooooocteuuuuuuuuuuuuuuur !
J’apporte la vie.
Cette voix, venue d’un autre temps, lui transperçait le cerveau de part en part. Il la connaissait, c’était elle qui l’avait ramené dans le monde du tangible, ni totalement humaine, ni totalement divine. Et ça lui sautait au visage comme une évidence maintenant. Cette voix, c’était Rose !
Il n’était ni mort, ni vivant. Tout son être semblait en ébullition, cherchant à se stabiliser dans le temps mais n’y parvenant pas. La seule sensation physique qui le faisait prendre conscience qu’il existait réellement c’était son manteau qui claquait contre sa jambe.
Tu ne devrais pas exister.
Cette fois-ci, la voix était différente. Elle résonnait à l’intérieur de lui, martelant chaque mot tel un clou que l’on enfonce. Ça n’avait rien d’humain.
Elle est allée trop loin. Elle a vu chez toi quelque chose que j’ignore. Et pour la première fois, j’ai peur.
Jack sentit ses dents se mettre à claquer. Il n’avait pas froid pourtant. C’était comme si… oui, c’était comme s’il vibrait à l’unisson avec le T.A.R.D.I.S. et ces vibrations l’ébranlaient de toute part. C’était si violent que ça lui retournait les boyaux. Il fut pris de nausées. Il regretta le dernier café qu’il avait avalé avant de partir. C’était bien la première fois qu’il s’en voulait d’avoir bu un café concocté par Ianto.
Malgré le bruit assourdissant du tourbillon temporel, il entendit une nouvelle fois cette voix.
Je ne sais pas ce qui te lie à lui, je ne veux pas l’admettre. Et si je dois aller jusqu’à la fin de l’univers pour te perdre, je le ferai.
Dans une dernière étincelle de conscience, il comprit d’où venait la voix. Le cœur du T.A.R.D.I.S. s’adressait à lui, le rejetant de toutes ses particules. Mais il avait tenu bon et lorsque la cabine s’immobilisa enfin dans une strate temporelle stable, il lâcha prise et s’effondra lourdement au sol.
Sa première respiration fut aussi violente que le fut sa dernière mort, semblant traverser plusieurs vies d’un seul coup et il s’accrocha à la première chose qui lui tomba sur la main. Et cette chose était une jeune femme noire, on pourrait tomber sur plus désagréable.
J – Capitaine Jack Harkness. Et qui êtes-vous ?
M – Martha Jones.
J – Enchanté de faire votre connaissance Martha Jones…
T – Oh ! Ne commence pas !
Le coeur de Jack fit un bond en entendant cette voix.
J – Je disais juste bonjour !
M – C’est pas grave…
Il se releva et fit face à celui qu’il attendait depuis si longtemps. Depuis une éternité. Allait-il enfin avoir les réponses à ses questions ?
-------------------------------------------------------- Le Vaillant – 2007
Harold Saxon, enfin, le Maître, venait d’éliminer le président des Etats-Unis et il fallait l’arrêter avant que les choses n’aillent vraiment trop loin. Le Docteur s’était fait prendre par les sbires du ministre. Jack n’avait qu’une seule solution en vue et il se précipita en direction des escaliers.
Il fut stoppé net dans son élan par une violente décharge. Mais ça n’était pas comme les fois précédentes où il était mort par électrocution. Le Maître avait pointé sur lui son tournevis laser. Le rayon qui avait atteint le capitaine avait reconnu la signature des particules résiduelles du T.A.R.D.I.S. qui se trouvaient à l’intérieur de son corps stoppant net toute activité vitale.
Le cœur s’était suspendu dans un battement. Le sang s’était arrêté. Il ne s’était pas figé, juste stoppé. Jack n’avait pas poussé de dernier souffle, celui-ci était resté en suspend. Il était immobilisé dans une fraction de seconde.
La « pause » dura quelques instants et lorsque le capitaine se remit en marche, ce fut pour voir le Maître torturer son ami. Martha était à son côté, lui tenant la main.
J – Téléporte-toi
M – Je ne peux pas…
J – On ne peut pas l’arrêter. Sauve-toi d’ici... Sauve-toi.
Il ferma les yeux. Ses pensées allèrent vers ceux qu’il avait laissé derrière-lui. Vers son équipe. Vers Ianto. Il chercha tout le courage possible dans le réconfort de cette pensée, sachant pertinemment qu’il allait affronter la mort plus d’une fois. L’apocalypse régnait sur Terre, le Docteur était mal en point, Martha venait de disparaître et le Maître était tout puissant. Mais au fond de lui, un infime espoir brûlait encore. Et lorsqu’il croisa le regard du Docteur il sut qu’il avait raison.
| |
| | | Antoinette complétement accroc à John
Messages : 2553 Date d'inscription : 02/10/2009 Localisation : District 12
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Jeu 4 Fév - 1:32 | |
| j'avais trouvé la 1re partie super angoissante et certains trucs vachement recherchés. mais là... comme on sait déjà ce qui arrive, c'est moins "prenant" du coup. je sais pas pourquoi j'éprouve une curiosité morbide à lire les détails médicaux. ce qui est fascinant dans tes fics c'est ton originalité couplée à un respect de la mythologie. ici, tu es "effacée" on va dire. bon, je critique mais je tuerais pour écrire comme ça | |
| | | Johanne complétement accroc à John
Messages : 1541 Date d'inscription : 03/12/2009 Age : 66
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 2 Mar - 21:54 | |
| Antoinette l'a dit clairement même en minuscules caractères "je tuerais pour écrire comme ça".
Ca résume bien tout ce qu'on peut dire je crois.
Tout est clair et pourtant nuancé, tout est tangible, solide mais pourtant poétique et incontournable et surtout incomparable.
C'est plein de douleurs, on les partage avec Jack, on "les ressents" avec Jack. J'aime le clin d'oeil quand il se rappelle de Ianto. J'aime beaucoup sa réalisation que Rose a causé son immortalité et que le Tardis souffre d'allergie quand il se colle à lui.
Bravo. | |
| | | Antoinette complétement accroc à John
Messages : 2553 Date d'inscription : 02/10/2009 Localisation : District 12
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Lun 15 Mar - 23:43 | |
| Bah alors, il ne te restait pas de morts inédites?? (à chaque fois je souffre avec Jack ; mais j'ai envie de lire quand même!! ) | |
| | | yeles In love de John
Messages : 315 Date d'inscription : 09/11/2009 Age : 50 Localisation : physiquement en France mais mon cerveau est à Londres
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 16 Mar - 0:13 | |
| allez, c'est bien parce que c'est toi... - Spoiler:
- Citation :
Troisième époque
--------------------------------------------------------
Cardiff – Un toit d’immeuble – 2008
Jack faisait face à un fantôme de son passé. John Hart… Il était venu pour le reprendre mais Jack ne voulait pas abandonner la vie qu’il avait maintenant.
Jo – C’est toi qui me fais rire ! Le container !
J – Oups…
D’un geste nonchalant, Jack jeta le petit container par-dessus son épaule puis il fixa John du regard en rigolant. Son sourire se figea lorsque John le poussa dans le vide.
Jo – Oups…
La chute lui parut interminable. Il fixait John qui s’éloignait irrémédiablement et savait que l’impact se rapprochait. Le vent sifflait dans ses oreilles et son manteau claquait contre son mollet. Dans de pareils instants, quand on sent approcher l’issue fatale, il paraît que l’on voit défiler sa vie devant ses yeux. Jack n’eut pas le temps d’atteindre la fin de son premier quart de siècle.
L’impact fut brutal. Il atterrit sur le dossier d’un banc que son dos épousa de façon peu orthodoxe. Dans un éclair, il sentit ses vertèbres s’écraser, sectionnant sa moelle épinière, supprimant instantanément toute sensation en dessous de la taille. La cambrure que prit son corps écarta sa cage thoracique à tel point que les muscles intercostaux se déchirèrent. Quelques côtes en profitèrent pour perforer la peau déjà mainte fois éprouvée du capitaine. Sa vision se troubla, puis ce fut une nouvelle fois le noir de l’éternel.
Lorsqu’il reprit son souffle, il se rendit compte que son corps avait légèrement glissé sur le banc. Il se releva avec difficulté et passa ses mains sur son ventre. Les plaies s’étaient refermées et la douleur s’estompait peu à peu. Il tourna la tête, aucune trace de John, encore moins du container. Cet enfant de salaud allait s’en prendre à son équipe, il le sentait dans ses tripes. Le temps était compté, il fallait qu’il fasse vite pour le retrouver avant que quelqu’un n’en souffre.
--------------------------------------------------------
Cardiff – infirmerie du Hub – 2008
C’était la panique. Après une lutte acharnée, le gant avait été détruit.
Quelque chose s’était emparé d’Owen, quelque chose venu d’un autre temps. Il s’était mis à parler d’une voix d’outre-tombe puis, se penchant en arrière, il libéra une épaisse fumée noire dans un cri sous le regard médusé du reste de l’équipe. Jack vit la fumée prendre forme sous ses yeux. Il aperçut une sorte de squelette qui commença à se mouvoir puis se jeta sur lui. Ce fut propre, net, immédiat.
Lorsque Jack reprit son souffle, il était ceinturé dans le SUV, à la place du passager avant. Il mit un petit temps pour comprendre comment il avait atterrit ici. Son manteau était roulé en boule à côté de lui. Le rituel de résurrection devenait tellement habituel que son équipe avait pris la peine de l’amener à l’hôpital pour qu’il puisse les rejoindre dès qu’il serait revenu à la vie. Ianto avait dû se donner beaucoup de mal pour l’installer dans le SUV mais le fait qu’il ait pensé à l’attacher l’amusa. Une fois ses idées en place, il détacha sa ceinture et se précipita à l’intérieur. La course contre la Mort ne faisait que commencer.
--------------------------------------------------------
Cardiff – 27 avant JC
? – Jack !
Jack s’était retourné, se demandant qui pouvait bien l’appeler à cet instant, à cette époque. Et là, il le vit. Sorti de nulle part, il s’avançait vers lui à grandes enjambées. Le capitaine sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.
J – Gray ?
G – Je n’ai jamais cessé d’y croire. J’ai toujours su que l’on se retrouverait.
Jack prit son frère dans ses bras et le serra de toutes ses forces. Il le serrait comme si sa vie en dépendait, comme pour se convaincre qu’il ne rêvait pas, qu’il était bien là.
J – Je suis désolé.
G – Être désolé n’est pas suffisant.
Un bruit de lame que l’on sort d’un fourreau et Jack sentit le métal froid pénétrer dans son ventre. Il sentit la lame traverser la paroi abdominale, tranchant le foie au passage et emportant la partie inférieure du poumon gauche. Mais ce ne fut pas ça qui lui fit le plus mal. Non, sa plus grande douleur fut de rendre son dernier souffle sous le regard froid et impassible de Gray. Jack s’affaissa lentement en maugréant, cherchant désespérément à reprendre son souffle. Il tenta un geste pour retirer le coutelas mais ses forces l’abandonnaient déjà comme il se vidait de son sang. Il ne lisait que mépris et rancœur dans les yeux de son frère. Son iris se voila, gardant cette image imprimée dans la tête du capitaine, comme une ultime punition.
Lorsque Jack se remit à respirer, il fut relevé sans ménagement par John. Le coutelas avait été retiré et la plaie était déjà refermée. Gray faisait les cent pas tandis que son frère était attaché et menotté.
J – Je t’ai cherché. Je l’ai fait pendant des années. Tous les jours, ma première pensée était pour toi.
G – Tu t’attends à quoi ? Des retrouvailles chaleureuses ? L’absolution ? T’entendre dire : C’est bon frangin, je te pardonne.
Jack resta à écouter son frère tandis qu’il se rappelait les circonstances de la perte de Gray.
J – Si je pouvais échanger ma place avec toi, je le ferais. G – J’ai cru que tu reviendrais, mais tu ne l’as pas fait. Combien de temps avant de laisser tomber ? Des mois ? Des années ? Des décennies ?
J - Qu’est-ce que tu attends de moi ?
G – Je veux que tu souffres. Je veux ta vie. C’est Cardiff, en 27 avant JC. La ville grandira ici pendant 2000 ans. Ton tombeau en sera les fondations. Ta bénédiction vitale va devenir une malédiction. Chaque fois que tu te réveilleras avec la gorge pleine de terre, chaque fois que tu t’étoufferas et que tu seras sur le point de mourir tu penseras à moi.
Jo – C’est bon, ça suffit, je ne peux pas te laisser faire ça.
Gray poussa Jack dans la profonde fosse qui avait été creusée.
G – Remplis la tombe.
Jo – Pas question.
G – Alors le détonateur de ton poignet sera activé.
Jack regarda John dans les yeux un instant et fit un bref signe de tête. L’autre homme retira une bague, l’embrassa et la jeta dans la fosse.
G – Qu’est-ce que c’est ?
Jo – ça n’a qu’une valeur sentimentale.
Jack regarda une dernière fois Gray puis ferma les yeux, résolu. La terre s’amoncelait progressivement, froide, légèrement humide. Pendant quelques minutes, alors qu’il entendait le son lointain de la pelle, Jack tenta de retenir son souffle, comme s’il pouvait rester en apnée mais les réflexes naturels furent plus forts que sa volonté et il inspira. Mais ce ne fut pas de l’air qui pénétra dans ses narines. Très rapidement, les cloisons nasales, les bronches, les poumons, furent emplis de terre et de cailloux. Chaque fois que Jack revenait à la vie, il reprenait mécaniquement son souffle. Mais il ne parvenait qu’à avaler plus de terre. Des couches successives de sédiments divers s’accumulaient dans son estomac, bouchaient les alvéoles et emplissaient sa bouche. Il perdit la notion du temps mais avait encore conscience de la douleur, autant physique que psychologique.
Un jour, Jack sentit que le poids qui pesait sur lui était en train de disparaître. Il se redressa et recracha toute la terre qui s’était agglutinée en lui, vomissant tripes et boyaux par la même occasion. Enfin, il put reprendre une profonde respiration d’air pur et frais. L’air de Cardiff, au début du 20e siècle à ce qu’il put en juger en voyant ses anciens collègues au-dessus de lui. Ils l’emmenèrent au hub où ils le harcelèrent de questions, ne comprenant pas ce qu’il faisait ici.
J – S’il vous plaît. Est-ce qu’on peut arrêter les questions ?
? – On t’a retrouvé six-pieds sous terre. Tu crois qu’on va l'accepter ça comme ça ?
J – Oui !
? – Tu es sensé être ailleurs, à travailler pour nous. Qui t’a donné cette bague ?
J – J’ai traversé ma propre ligne temporelle. On ne doit pas me laisser me voir. Beaucoup de vies en dépendent. Vous devez protéger le futur. C’est pour ça que vous êtes ici non ? Et maintenant, vous devez me mettre à la morgue, me congeler et régler l’alarme pour me réveiller dans 107 ans.
Il devait impérativement les convaincre pour être présent dans le hub en 2008. Pour empêcher Gray de commettre l’irréparable. Il devait suspendre sa vie une nouvelle fois, sans souffrance, pour sauver ses amis d’une mort qu’il savait certaine.
-------------------------------------------------------- Le Creuset – quelque part dans l’espace - 2008
Jack se tenait derrière Rose et le Docteur, à la merci des Daleks. Ils regardaient, impuissants, le T.A.R.D.I.S. en train de disparaître dans le cœur du vaisseau, Donna à son bord.
Dalek – Destruction totale du T.A.R.D.I.S. dans 10 secondes. 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1…
La cabine bleue disparut dans les entrailles du creuset.
Dalek suprême - Le T.A.R.D.I.S. a été détruit. Maintenant, dites-moi Docteur. Que ressentez vous ? Colère ? Tristesse ? Désespoir ?
T – Ouais.
Dalek suprême – Alors si les émotions sont si importantes, nous vous avons sans doute amélioré ?
J – Ah ouais ? Ressens ça !
Jack se mit à tirer sur le Dalek suprême qui lui faisait maintenant face. Il savait que ça ne servait à rien mais la rage qu’il ressentait à cet instant était plus forte que la raison.
Dalek Suprême – EXTERMINER !
Le rayon mortel toucha Jack à la taille. C’était donc ça que l’on ressentait lorsque l’on était exterminé ? Jack ne pouvait se souvenir de cette sensation à la fois froide et brutale. Son corps entra en quelque sorte en fusion. Pendant une fraction de seconde, ses 95 kilos ne furent plus que de l’histoire ancienne, semblant s’être évaporés dans une autre boucle temporelle. La douleur qu’il ressentit fut vive, intense, saisissante. Il s’écroula en hurlant.
Mais aussi rapide que fut sa mort, son retour à la vie se fit en silence. Jack contrôla sa respiration afin que personne ne remarqua qu’il n’était plus exterminé. Personne… sauf le Docteur qui, comme il s’éloignait avec Rose, escorté par les Daleks, se tourna en direction du capitaine. Jack lui fit un clin d’œil et se remit à feindre la mort. Il devrait attendre son heure. Son heure pour venir en aide à son si cher Docteur, à ses amis, à l’univers tout entier.
| |
| | | Antoinette complétement accroc à John
Messages : 2553 Date d'inscription : 02/10/2009 Localisation : District 12
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 16 Mar - 3:30 | |
| Pfiou, c'est vachement bien écrit... Et c'est vraiment vraiment crade, là, wow! Le banc, visuellement c'était déjà douloureux, mais avec la progression des dégâts (j'étais à la limite d'avoir besoin de ton petit sac en papier ). L'enterrement je me rappelle de l'état dans lequel j'étais quand j'ai vu pour la première fois "exit wounds"... et tu confirmes ce qu'on s'imagine. Le pauvre Jack qui choisit de subir tout ça pour que son frère lui pardonne, parce qu'il croit qu'il doit payer. En plus, j'ai toujours eu peur d'être enterrée vivante. De tout ce qu'on a pu apprendre sur Jack, c'est de loin les morts les plus atroces. Le passage à l'infirmerie... je dois dire que je me sens très très bête maintenant. Je n'avais jamais compris qu'il mourait! Je voyais vraiment pas pourquoi Jack faisait un cauchemar dans la voiture pendant que tout le monde se bougeait (parfois, je me fais honte )C'est presque une consolation de savoir que la mort par extermination est rapide. En tout cas, ça m'avait toujours fait rire quand dans CoE Ianto demande à Jack s'il est mort, et le serre dans ses bras pour le consoler. Mais quand on lit tes histoires... | |
| | | Johanne complétement accroc à John
Messages : 1541 Date d'inscription : 03/12/2009 Age : 66
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Mar 16 Mar - 19:12 | |
| Je dois revisiter certains épisodes de Torchwood mais wow, je suis époustouflée de réaliser à quel point Jack passe au travers ses morts .... et la solitude profonde dans laquelle il vit.
Tu m'as fait réalisé quelques choses de très importants par rapport à Jack, à Torchwood en tant que série-télé ..... suis-je prête à en parler ? peut-être pas aujourd'hui .. mais .... intéressant comment une fic peut nous emmener ailleurs. | |
| | | yeles In love de John
Messages : 315 Date d'inscription : 09/11/2009 Age : 50 Localisation : physiquement en France mais mon cerveau est à Londres
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Sam 17 Avr - 1:03 | |
| et voilà la fin (jusqu'à quand ?) de cette fic... - Spoiler:
- Citation :
Quatrième époque -------------------------------------------------------- Le Hub – 6 juillet 2009
Jack était face à Gwen. Elle était en train de regarder l’image numérique qui tournait à l’écran, toute à sa joie d’avoir découvert sa grossesse. Pour montrer son soutien, Jack posa sa main sur celle de la jeune femme. Soudain, l’alarme se mit à résonner dans tout le hub.
J – Mon Dieu !
I – C’est une bombe ? Une bombe dans ton ventre.
J – Sortez ! Tous les deux, tout de suite !
I – Elle a une portée de 1km5.
J – MAINTENANT !
Gwen ne voulait pas se laisser faire alors que Jack la poussait vers la sortie.
G – On peut arranger ça, te l’arracher.
J – Je te dis de sortir !
Ianto s’était précipité vers un des ordinateurs pour tenter de trouver une solution.
I – Elle est amorcée, 2 minutes !
Gwen refusait de partir mais Jack ne l’entendait pas de cette oreille.
J – Tu es enceinte.
Elle resta là, désemparée, à le regarder comme si c’était la dernière fois puis se résolut à quitter le hub, la mort dans l’âme.
Le système de sécurité s’était déclenché et la fermeture automatique des lieux était en train de se faire.
J – Ianto, tu vas être enfermé !
Confinement de Torchwood
J – IANTO !
Jack attrapa brutalement le gallois dans ses bras et l’arracha des ordinateurs devant lesquels il était en train de s’activer.
I – On peut la désamorcer.
J – Bon sang, sors d’ici !
Il l’entraînait vers l’ascenseur, il ne voulait pas le voir mourir ici, avec lui. Le jeune homme se débattait, à la fois désespéré et en colère.
I – Tu seras désintégré !
J - Je peux survivre à n’importe quoi !
Confinement de Torchwood
Jack amena Ianto jusqu’à la plateforme et sans réfléchir plus longtemps, il se jeta sur son amant pour l’embrasser. Il ne voulait pas penser à un baiser d’adieu, non, pas cette fois, pas aujourd’hui. Le jeune homme tenta de s’agripper au capitaine, de s’imprégner de lui mais Jack recula et à l’aide de son bracelet, il mit en route l’ascenseur.
Il regarda l’homme qu’il aimait s’élever. Ce qu’il put lire dans ses yeux lui transperça le cœur. Ils brillaient de colère et de chagrin, impuissant face à la situation dans laquelle se trouvait Jack, vaincu. Comme pour le rassurer, comme pour se rassurer, Jack s’adressa une dernière fois à lui.
J – Je reviendrai, comme toujours.
Ianto s’éloignait, tendant la main vers lui comme pour l’emmener. Jack baissa la tête lorsque le jeune homme fut sorti du hub. Le compte à rebours touchait à sa fin. 4… 3… Jack ferma les yeux. 2… 1… Le temps se suspendit un bref moment, une sensation de vertige puis les entrailles de Jack se déchirèrent dans un vacarme assourdissant. Les éclats de la bombe le traversèrent de toutes parts. Jack eut l’impression que tout cela se passait au ralentit. C’est alors que le souffle de l’explosion pulvérisa le capitaine en une fraction de seconde. S’en était fini du hub, s’en était fini de Torchwood, s’en était fini de Jack Harkness.
--------------------------------------------------------
Quelque part en dehors de Londres – 7 juillet 2009
La première chose qu’il ressentit, ce fut la brûlure. L’insoutenable brûlure qui envahissait tout son être. Sa chair était à vif, l’épiderme ne s’était pas encore reconstitué. Et malheureusement pour lui, les terminaisons nerveuses, elles, étaient parfaitement opérationnelles. Il se mit à hurler à plein poumons, de ses poumons fraîchement repoussés qui avaient repris leur place dans la cage thoracique. Oui, Jack Harkness hurla comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Le simple contact de l’air sur les muscles qui lentement finissaient de se rattacher aux articulations aurait rendu fou de douleur n’importe qui, même lui.
Mais peu à peu, alors que ses oreilles se reconstituaient progressivement, que sa peau recouvrait lentement tout son corps, il se calma et se mit à respirer plus doucement. Ses ongles sortirent lentement, transperçant la peau toute neuve comme si c’était la première fois. Le contact de l’air ambiant était devenu supportable malgré le fait qu’il était nu et que la pièce n’était pas chauffée. Ses cheveux avaient repris leur longueur initiale et tout était de nouveau opérationnel. Tout irait tellement mieux s’il n’était retenu avec ces fichues menottes.
Il était fou de rage. Qui étaient ceux qui l’avaient piégé ainsi et qui le retenaient maintenant prisonnier ? Qu’en était-il de Gwen, de Ianto ? Et surtout, qu’en était-il de la folie qui semblait s’être emparée des enfants du monde entier ? Quelque chose de dangereux se préparait et il n’arrivait pas à savoir quoi. Il se débattait, espérant défaire les liens qui le retenaient mais rien à faire, l’indestructible Jack Harkness ne pouvait rien contre l’acier trempé des bracelets qui lui enserrait les poignets.
J – Allez ! Qui est le génie derrière la caméra ? Allez, venez me saluer ! MONTREZ-VOUS ! Affrontez-moi comme un homme !
La trappe qui se trouvait au dessus du capitaine s’ouvrit et une femme apparut dans le cercle de lumière qui éclairait la cellule. Jack ne connaissait pas ce visage mais il s’avait déjà qu’elle n’était pas venue en amie.
Jo – Je ne suis pas un homme.
J – Qui êtes-vous ? Pourquoi vous faites tout ça ?
Jo – Apparemment vous ne pouvez pas mourir donc ce serait stupide de tout vous dire. Mais je vais vous dire ceci : si je ne peux vous tuer, je peux vous contenir…
Le capitaine fut pris de panique et se débattit encore plus. Un long tube passa par l’ouverture et du béton à prise rapide se déversa dans la pièce surprenant l’homme dans ses efforts désespérés de fuite. Le liquide était très fluide et Jack en avala à plusieurs reprises. Il se mit à tousser pour tenter d’expulser ce qu’il avait déjà avalé. Il ne pouvait pas se permettre de laisser le béton se solidifier en lui. Dieu seul sait combien de temps il mettrait alors pour tout expulser. C’était froid et pourtant, au fur et à mesure que le béton montait, recouvrant le corps du capitaine, il ressentit une nouvelle fois une forte sensation de brûlure. Les composants chimiques du liquide rongeaient la peau qui avait pourtant eu tant de mal à reprendre son aspect initial.
Jack retint sa respiration aussi longtemps qu’il le put mais du béton s’écoulait tout de même dans sa gorge en passant par ses narines, malgré tout moins que s’il avait gardé la bouche ouverte. Il sentait le bêton glisser doucement sous ses paupières, détruisant totalement ses rétines, bouchant les canaux lacrymaux. Le bruit de l’écoulement s’atténua à mesure que les conduits auditifs se bouchaient. Bientôt il ne put plus bouger du tout, l’air qui se trouvait encore dans ses poumons l’oppressait tellement qu’il en avait la nausée mais il ne pouvait plus rien faire, rien hormis peut-être mourir… une nouvelle fois.
De l’air ! De nouveau il sentait l’air frais le caresser. Il reprit violemment son souffle, se demandant où il se trouvait. Il recracha les particules de béton qui se trouvaient encore dans sa bouche puis se releva et sortit des décombres. Il s’arrêta en voyant une voiture s’approcher. Il n’arrivait pas à distinguer les silhouettes, sa vue était encore légèrement trouble. Il sentit une angoisse sourde le saisir tandis que le véhicule stoppait à quelques mètres de lui mais elle s’évanouit aussitôt lorsqu’il les vit. Gwen et Ianto, vivants tous les deux. Vivants et toujours fidèles au poste. Une intense bouffée de chaleur lui envahit le corps.
J – Je vous avais dit que je reviendrais.
-------------------------------------------------------- Thames House – 9 juillet 2009
Ils étaient tous les deux dans cette salle immense, seuls face à ce grand container de verre dans lequel se trouvaient les 4 5 6. Ils avaient franchi bien des obstacles, il était mort bien des fois, pour finir par arriver à cet affrontement hélas inégal. Jack avait essayé de négocier mais les aliens n’avaient rien voulu savoir et maintenant, pour parvenir à leurs fins, ils avaient dispersé un gaz mortellement toxique dans le bâtiment.
C’était l’affolement le plus total, tout le monde tentait de s’enfuir. Jack se tourna vers Ianto.
J – Il faut qu’on te sorte de là. Je peux survivre à tout mais pas toi.
I – Trop tard. J’ai respiré l’air.
A cet instant très précis, le sang du capitaine se glaça. Il ne contrôlait plus rien. Toutes ses convictions avaient volé en éclats.
J – Il doit y avoir quelque chose, un antidote.
456 – Vous disiez que vous alliez vous battre.
J – Alors je retire ça, ok ? Je retire tout. Mais pas lui !
Le jeune homme s’affaissa à côté de lui.
J – Non, non, non, non, Ianto.
Il s’était agenouillé, tenant son amant dans les bras, luttant pour ne pas mourir. Il ne voulait pas le laisser affronter la fin seul. Il ne savait que trop bien ce que l’on pouvait ressentir à ce moment précis, quand la vie vous quitte. Il arrivait à contrôler son corps afin que le poison ne fasse pas effet trop vite. Il aurait tant aimé qu’il en soit de même pour Ianto.
J– Tout est ma faute.
I – Non, ce n’est pas vrai.
J – Ne dis pas ça. Garde ton souffle.
I – Je t’aime.
J – Non !
Jack était fou de rage et de chagrin. Il sentait au fond de lui que peu à peu ses cellules s’éteignaient les unes après les autres, mais peu lui importait. La douleur physique qu’il ressentait à cet instant n’était rien comparée la souffrance qui envahissait tout son être. Il s’effondrait de toute part, il n’était plus qu’un homme qui voyait celui qui l’aimait lui être arraché. Il aurait voulu lui transmettre un peu de ce don qui lui avait été fait il y a maintenant si longtemps mais c’était impossible.
I – C’était bien hein ?
J – Oui.
I – Ne m’oublie pas.
J – Je ne pourrai jamais.
I – Dans un millier d’années tu m’auras oublié.
J – Mais non. Je te le promets.
Doucement, il sentit le corps qu’il tenait dans ses bras s’alourdir. C’était fini.
J – Ne me laisse pas, je t’en prie. Je t’en prie... non !
456 – Vous mourrez.
Jack s’abandonna, abaissant les dernières défenses qu’il avait tenues si longtemps. Les alvéoles de ses poumons éclataient telles de petites bulles de savon sous l’effet du poison qui s’immisçait partout rendant sa respiration de plus en plus difficile. Son sang s’épaissit, devenant noir comme du charbon. Le capitaine sentit ses forces l’abandonner et dans un ultime effort, il se pencha vers Ianto pour déposer un dernier baiser. Tel Roméo qui disant adieu à sa Juliette, le capitaine s’effondra à côté de son amant. Sur un baiser, je meurs.
Ce fut presque un murmure, imperceptible. Jack ouvrit les yeux. Il aurait tant aimé ne jamais les rouvrir. Les résurrections à répétitions, il en avait l’habitude. Depuis quelques temps même, il les supportait d’autant mieux qu’il savait qu’il avait quelqu’un qui l’attendait pour le réconforter. Mais là… Il resta un instant assis pour rassembler le peu de force qui lui revenait. Il devait faire face, Gwen était toujours là, à compter sur lui. Il devait continuer, mais à quoi bon ? Il se tourna vers la jeune femme et regarda le visage impassible de celui qu’il avait tant aimé, de celui qu’il aimait tant. Oui, cette fois, Jack aurait voulu ne pas se réveiller. Il aurait voulu que la vie le laisse enfin partir en paix.
| |
| | | Antoinette complétement accroc à John
Messages : 2553 Date d'inscription : 02/10/2009 Localisation : District 12
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) Sam 17 Avr - 2:32 | |
| Mais quelle horreur! En fait je suis complétement masochiste comme nana, je ne vois vraiment pas pourquoi je voulais lire la suite :| J'ai commencé avec la bombe, et je me suis dit "ah, Yeles est bien plus soft que dans la dernière fois"... euh, bah non finalement La repousse, c'est une abomination ; le béton, une abomination ; le virus 456 (le but not him! sur un ton déchirant) et le réveil qui suit, une abomination. C'est pas plus mal que Jack ne soit pas mort depuis. En tout cas, Yeles, c'était édifiant comme lecture. Et effrayant. Et très triste. Bien, bien tordu aussi. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) | |
| |
| | | | De profundis, memini (Des profondeurs, je me souviens) | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|