Fics pour le concours de BOT ^^

Je me réveillai adossé à une cellule des étages inférieurs. Qu’est-ce que je faisais ici ? Arrivé dans la salle centrale, je vis mes coéquipiers afférés sur les ordinateurs. Gwen m’informa que deux jours s’étaient envolés de nos mémoires et des sauvegardes des disques durs. Comment ? Pourquoi ? Personne ne savait. Tosh commença un diagnostic du système : Rien : 48 heures de nos vies avaient été effacées ! Elle se lança dans des explications théoriques superfétatoires et ses arguties, sûrement très intéressantes, mais incompréhensibles pour moi, me donnèrent mal à la tête. Je m’éclipsai dans mon bureau. Passant près de la table basse, un cahier attira mon attention. Entrouvert, j’y reconnu l’écriture de Ianto. « Mon cher Ianto… tu tiens un journal ! »

J’allais lui rendre quand mes yeux tombèrent sur une page contenant une recette de Beans on Toast. Bizarre, je le croyais allergique aux beans ! Je tournai la page et commençai à le lire. Réalisant ce que je faisais, je refermai le journal d’un coup et me dirigeai vers Ianto. M’accoudant à la rambarde, je le regardai ranger le Hub, comme à son habitude. Owen, concentré sur ses recherches posa sa tasse sur le détecteur de particules et se dirigea vers Tosh, pour partager ses théories. Ianto ramassa la tasse encore à moitié pleine en soupirant. J’imaginai ses pensées : « Jamais ils n’apprendront à ranger ! Si ça continue, le QG ressemblera à une porcherie ! ». Cette idée me fit rire. Ianto me regarda, exaspéré. Il demanda ce que j’avais à pouffer. Préférant éviter cette conversation, vu son état d’énervement, je tournai les talons et entrai dans mon bureau, son journal toujours en main. Je lui rendrai plus tard... Assis confortablement dans mon fauteuil, je ne pouvais quitter ce journal des yeux. Une irrésistible envie de le lire montait en moi. Que pouvait-il bien y inscrire ? Non, je ne dois pas ! C’est son jardin secret ! Oh, et puis zut ! Allons-y ! Une ou deux pages, ça ne fera de mal à personne!

Je me saisis du « Saint Graal » et l’ouvris à la première page. Pas de date… Il devait l’avoir commencé depuis un moment, car les trois-quarts des pages étaient noircies de notes, dessins, récits et autres pensées. Je passai quelques pages et m’arrêtai sur une, parsemée de traces de larmes. Je commençai ma lecture.

« Il l’a tué ! Comment a-t-il osé ? Elle n’avait rien fait de mal, c’était une victime ! J’aurais pu la sauver, l’aider à retrouver son état d’humaine. Lisa ! Oh, ma Lisa… Tout ça pour rien ! Tout ce temps à te garder en vie, à te cacher des autres… »

Je stoppai ma lecture à cet endroit. Ianto avait été bouleversé par cet évènement, mais je n’avais pu faire autrement. Elle n’avait plus rien d’humaine… Regagner la confiance de Ianto avait été très difficile, mais il avait compris mon geste et m’avait pardonné. Enfin j’osai le croire. Je sautai quelques pages.

« Je ressens depuis quelques temps de drôles de sentiments envers Jack. Je ne sais encore si c’est de l’amour ou l’évolution logique de notre amitié. Dès que je le vois, mon cœur s’enflamme ! Dès qu’il me touche, des frissons parcourent mon corps… »

Un frisson monta lentement le long de ma colonne vertébrale. Je feuilletai les pages à la recherche d’un passage qui m’assurerait de ses véritables sentiments.

« C’est sûr, mes sentiments pour Jack sont vraiment des sentiments d’amour ! Je ne ressens rien de tel en présence d’Owen ou d’autres hommes. J’ai l’impression qu’il a lui aussi des sentiments forts pour moi. Ses allusions, ses gestes et CE baiser lorsqu’il est revenu de chez les morts après avoir défait Abbadon… »

Ce passage semblait avoir été écrit peu de temps après que l’on ait évité la fin du monde, mais avant que notre relation ne commence réellement. « Il s’est passé beaucoup de choses depuis. Nous nous retrouvons souvent le soir, quand les autres rentrent chez eux. Au début, il était timide, et nos soirées se limitaient à boire des bières et à regarder des films. Puis, cela avait évolué et dorénavant, nous nous réveillons souvent ensemble le matin ». Je sortis de mes pensées et tournai la page. L’écriture n’était pas la même, comme s’il avait écrit sous le coup de la colère.

« Pourquoi cette sensation ? Pourquoi cette jalousie ? Et d’abord qui est ce capitaine John Hart ? Et de quelle nature est cette relation qu’il a eu avec lui ? »

Il s’était arrêté là, sans doute interrompu. Un peu plus loin, il reprenait son récit, de son écriture habituelle.

« Jack est revenu. C’est le principal. Il m’a fait comprendre qu’il était revenu pour moi et qu’il ne repartirait plus. Après cette journée mouvementée, nous avons passé la soirée ensemble, comme il me l’avait proposé au dernier étage de cette tour. Un cinéma, un repas, et… . Ce fut une expérience nouvelle, effrayante mais parfaite. Jack est un homme passionné mais il sait faire preuve de douceur et de romantisme… ».

J’avais ce que je voulais. Je refermai le cahier, un léger sentiment de culpabilité flottait en moi. J’appelai Ianto par l’interphone pour lui remettre son journal.

Pendant que je l’attendais, j’aperçus une boîte posée sur la table. Je n’en avais aucun souvenir. Je me saisis de l’artefact encore emballé dans son plastique et le sortit. C’était apparemment une boîte en bois. Une sorte de clé tomba du sachet. Au même moment Ianto entra et me demanda ce que je voulais. Je lui tendis le journal. Il me remercia en précisant qu’il le cherchait depuis un moment. Alors qu’il sortait, je ne pus m’empêcher de lui dire « pour ta gouverne, "accueillir" ça s'écrit avec deux "c" et deux "l" ! ». Je devinai l’expression de son visage alors qu’il sortait et cela m’amusa. Mes yeux tombèrent sur le sachet : « Propriété d’Adam ». Je rappelai immédiatement Ianto, pour lui demander qui était cet « Adam ». Il n’en avait aucune idée, et s’éclipsa rapidement, son journal serré contre sa poitrine, encore sous le choc de ma « petite » trahison. Je m’emparai de la clé qui une fois introduite, n’enclencha aucun mécanisme. Je décidai d’abandonner et de la transmettre à Toshiko ; elle saura peut-être comment faire… Je la posai et commençai à partir lorsqu’elle émit un bruit et s’entrouvrit. Je la pris et regardai à l’intérieur. Rien… Seul, du sable s’en écoula lorsque je la retournai. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Owen et Toshiko travaillaient sur un artéfact, spéculant sur son origine extraterrestre. Owen avança qu’il avait pu être « contaminé » par l’énergie « mésonne » au contact d’autres d’objets aliens. Malgré ces arguties intéressantes mais superfétatoires, Tosh n’était pas convaincue. Je les regardais, amusé : « Je crois que c’est Jack qui l’a amené ». Tosh répondit : « Non, je pense que c’est Adam ! ».

Je leur proposai d’aller jeter un coup d’œil dans mon journal, pour s’en assurer. Tosh fut étonnée que je tienne un tel journal. Je lui répondis qu’il ne contenait pas seulement des informations sur Torchwood, mais aussi des choses plus personnelles… et je quittai la pièce, leur lançant un clin d’œil complice.

Je pris mon journal et m’installai sur le canapé à la recherche de passages concernant l’artéfact. Au fur et à mesure des pages, une sensation d’incompréhension mêlée de peur s’insinua en moi. Rien n’avait de sens… Rien ne correspondait … Comme si quelqu’un avait réécrit mon journal. Mes souvenirs étaient totalement différents. Devais-je en parler à Jack ? Est-ce ma raison qui défaillait ? Et pourquoi cette recette de Beans on Toast insérée entre deux pages ?

Soudain, Adam apparut près de moi. Sursautant, je m’éloignais tandis qu’il me demandait ce qui n’allait pas. Ce qui n’allait pas ? C’est qu’il n’était pas censé exister ! Il n’était pas mentionné dans mon journal alors que les autres y étaient, même Rhys. « Qui était-il ? Pourquoi semblait-il connu de tous, et ce, depuis plusieurs années ?

La peur me gagna. Lorsque j’évoquai sa non-existence, sa main commença à disparaître, et la fureur le gagna. Il m’avoua s’être incorporé dans les souvenirs de chacun pour les manipuler, et me menaça de m’implanter de faux souvenirs si je contrariai ses projets.

Je n’eus pas le temps de m’y opposer ; déjà il posait sa main sur mon front semant dans ma mémoire, d’atroces images. Jamais, je n’avais connu une telle souffrance, tant physique que psychologique. Je le suppliai d’arrêter. Trop tard ; il disparut me laissant anéanti par mes souvenirs : je me vis arpenter les rues à la recherche de proies féminines. Tout s’embrouillait dans ma tête. Où était la réalité ? « Je tue pour le plaisir de les voir mourir de mes mains. Mon dieu ! Qu’ais-je fait ? ». Les souvenirs s’enchaînaient : une main sur une gorge, des yeux suppliants les miens, sadiques et haineux. « Que suis-je devenu ? »

La porte s’ouvrit, c’était Jack. Je l’appelai. Il se dirigea vers moi. Je le suppliai de ne pas me laisser en liberté. Lorsque, entre deux sanglots, je lui avouais avoir étranglé trois filles, je lus de l’incompréhension dans son regard. Il était sceptique et pensait que je plaisantais. M’attrapant par les épaules, il m’obligea à le regarder. « Que t’arrive t-il ? ». Nos deux têtes colées l’une contre l’autre, je lui murmurais: « je suis un monstre ! ».

Jack me brancha au « détecteur de mensonges ». Allons-y ! Me dit-il, et je commençais mon histoire. C’était tellement réel : je sentais la peau des filles, leur souffle sur mon visage, la sensation de plaisir extrême que je ressentais au moment où elles mouraient. Les lumières vertes de l’appareil restaient allumées. Jack ne voulait croire cette vérité. Il me demanda de poursuivre ; j’évoquais le second crime : malgré ce sentiment de culpabilité et ces larmes qui coulaient sur mon visage, je ressentais toujours le même plaisir jouissif. Jack débrancha l’appareil m’affirmant que cela ne pouvait être moi, que je n’étais pas un assassin, que quelque chose m’avait changé. J’aurais aimé le croire, mais au plus profond de moi, je savais ce que j’avais fait ! Se précipitant vers les moniteurs, il ouvrit les sauvegardes des caméras de sécurité. Je me vis alors sur l’écran, en compagnie d’Adam qui m’incrustait ces horribles souvenirs. Mon sentiment de culpabilité fit place à la haine. Au visionnage d’autres vidéos, Jack comprit enfin comment Adam avait introduit son existence dans nos mémoires et tandis que nous recherchions d’autres preuves…Owen arrivait avec Tosh et Adam. Pour éviter toute confrontation avec cet imposteur, je montais à l’étage pour le surveiller. Sachant que mes amis continuaient à être sous son emprise, je ne pus m’empêcher de les rejoindre. Soudain, Adam m’interpella.

J’eu beaucoup de mal à me contrôler. Jack, qui attendait le moment propice, pointa son pistolet vers lui au moment où, baissant sa garde, il s’assit devant l’ordinateur. Je regardais avec admiration mon Capitaine prendre mon parti, sans hésiter, malgré les souvenirs des trois années écoulées qu’il conservait en mémoire. Jack expliqua alors à Tosh, Gwen et Owen que par la simple imposition de sa main sur leur épaule, Adam avait modifié leur mémoire. Tosh en avait les larmes aux yeux, elle se croyait amoureuse d’Adam et ne pouvait croire ce qu’avançait Jack. Elle le mit en joue. Je réussis à la désarmer et Jack conduisit Adam vers les cellules. Il nous rejoignit en salle de réunion pour nous aider à nous remémorer nos vrais souvenirs : je revis ma rencontre avec Lisa, cela illumina mon cœur un court instant avant que je me souvienne de sa mort et de la peine que j’avais ressentie. Jack nous donna du Redcon, seul moyen d’effacer Adam de nos mémoires et de nos vies. Je levais les yeux vers cet homme que je savais aimer et lui murmura : « c’est toi… », pour lui signifier qu’il avait redonné un sens à ma vie. Il déposa sur mon front un long baiser signe de son affection. J’avalai la pilule qui devait effacer ces souvenirs horribles, me rendre ma personnalité, et éteindre cette soif meurtrière, et imité par les autres, nous nous endormîmes rapidement sous l’effet du somnifère. À notre réveil, deux jours avaient été effacés, de nos mémoires… et des ordinateurs.

Jack me demanda de le rejoindre dans son bureau où il examinait un artéfact. Je lui demandais ce qu’il voulait et il me montra mon journal. Comment avait-il pu le trouver ? Je le cachais toujours dans un tiroir, fermé à clé. Il me fit comprendre avec un air complice, qu’il l’avait feuilleté. Mon cœur fit des bonds : j’y avais couché mes fantasmes les plus secrets, mes sentiments envers lui. Les avait-il vraiment lus ? Je me dépêchais de sortir, honteux mais il me rappela aussitôt : « Qui est Adam ? » me montrant ce nom sur le sachet. « Je sais pas » lui répondis-je. Tournant les talons, je franchis la porte et le laissai seul dans son bureau.